Cette rubrique traite de la prise en charge chirurgicale d’une scoliose chez l’adulte d’âge mur (à partir de 50 ans) mais concerne moins l’adulte jeune dont la prise en charge s’apparente plutôt à celle des adolescents (voir correction de la scoliose de l’adolescent). Chez un adulte jeune, on pourra être amené à corriger chirurgicalement une scoliose même si elle est peu symptomatique (peu ou pas douloureuse), simplement si elle évolue ou si son risque évolutif est élevé. Chez l’adulte d’âge mûr, on intervient généralement au stade des complications de la scoliose (douleurs rachidiennes importantes, douleurs ou faiblesse motrice en rapport avec la compression d’un nerf, déséquilibre du tronc…).
Dans ce groupe de patients, on peut distinguer 2 grands types de scolioses : la scoliose idiopathique développée durant la croissance qui poursuit son évolution au cours de la vie d’adulte et la scoliose de novo, c’est à dire une scoliose secondaire à la dégénérescence arthrosique de la colonne vertébrale lombaire ou thoraco-lombaire. Dans ces 2 cas, le traitement chirurgical n’est généralement proposé qu’en cas d’échec du traitement médical (médicaments antalgiques et anti-inflammatoires, kinésithérapie, +/- infiltrations) face à des symptômes qui retentissent sur la qualité de vie du patient.
Votre chirurgien devra alors évaluer précisément l’importance du retentissement de la scoliose sur les activités (travailler, faire du sport, jardiner, faire ses courses, marcher, dormir…) et le mettre en balance avec le retentissement fonctionnel éventuel de l’intervention chirurgicale.
PRINCIPES DE L’INTERVENTION
La chirurgie de la scoliose vise à corriger la déformation et à assurer la liberté neurologique (nerf, queue de cheval, moelle épinière). L’objectif n’est pas nécessairement de mettre la colonne droite mais de restaurer un bon équilibre global. Pour cela il faut fixer plusieurs vertèbres à l’aide d’implants (le plus souvent des vis) qui sont reliés entre eux par des tiges en Titane ou Chrome-Cobalt. Dans certains cas, l’obtention d’un bon équilibre nécessite de mettre en place des calles entre les vertèbres appelées « cages » voire de casser une vertèbre (ostéotomie) lorsque la déformation est très rigide. Dans tout les cas le geste de correction-fixation est associé à une greffe à partir d’os le plus souvent obtenu localement. Cette greffe permettra la fusion définitive des vertèbres entre elles sur la zone opérée.
VARIATIONS TECHNIQUES
Les moyens d’obtenir cette « correction-fusion » de la scoliose sont divers et selon les cas, le chirurgien peut être amené à proposer une chirurgie isolée par le dos, une chirurgie isolée par le côté (ou le ventre), ou une combinaison de gestes par le dos et le côté, soit durant la même anesthésie, soit lors de 2 anesthésies différées.
LES SUITES DE L’INTERVENTION
Elles sont très différentes en fonction du patient (son âge, son état général, ses antécédents) et en fonction de la lourdeur de l’intervention. Généralement le patient passe quelques jours en unité de surveillance continue avant de regagner le secteur d’hospitalisation classique. Un 1er levé peut le plus souvent se faire dès le lendemain de l’intervention, sauf s’il y a eu une ouverture de la dure-mère, dans quel cas il peut-être nécessaire de rester à plat pendant 48 à 72 heures afin de limiter de risque de fuite de liquide céphalo-rachidien.
Selon les cas il peut être nécessaire de porter un corset des le 1er levé afin de minimiser le risque de complication mécanique (fracture vertébrale spontanée, arrachement du matériel). Il est généralement porté entre 2 et 6 mois après l’intervention. La période post-opératoire immédiate est réputée douloureuse mais tout les moyens sont mis en œuvre pour contrôler la douleur (médicaments, pompe à morphine, rachianesthésie…).
Le pansement est refait au 2e jour et le drain est enlevé entre le 2e et le 4e jour en fonction de l’importance du saignement. Une transfusion sanguine est parfois nécessaire.
Durant l’hospitalisation la ré-autonomisation de fait progressivement avec l’aide du kinésithérapeute mais n’est pas toujours suffisante pour permettre un retour à domicile. Un séjour de quelques semaines en maison de convalescence peut-être nécessaire.
LES CONSEQUENCES DE L’INTERVENTION
La correction de la scoliose ne peut s’effectuer qu’au prix de la fixation d’un nombre plus ou moins important de vertèbres, et donc d’une certaine raideur du tronc. Même si la fixation est longue (colonne thoracique + colonne lombaire haute), la plupart des activité physiques restent possible à condition que la charnière lombosacrée reste mobile (au moins les 2 derniers disques lombaires). En revanche, si la correction de la scoliose nécessite une fixation longue étendue à la charnière lombo-sacrée, le retentissement fonctionnel est plus important. Dans ce cas il doit bien être mis en balance avec le retentissement fonctionnelle de la maladie sans intervention. Même si la totalité de la colonne thoracique et lombosacrée doit être fixée, la patient conserve la mobilité de ses hanches et donc une capacité à ce pencher en avant. Il devra cependant s’adapter pour certaines choses simples de la vie quotidienne comme enfiler des bas ou faire ses lacets.
LES RISQUES ENCOURUS
La chirurgie de la scoliose de l’adulte est une chirurgie lourde associé à un taux de complications relativement élevé. Ces risques sont d’autant plus importants que la fusion porte sur un grand nombre de vertèbres (supérieur à 6), qu’elle implique le sacrum, que la déformation est importante et que le patient est âgé.